Premier contact avec nos origines

Le télescope James Webb, mission à 10 milliards d’euros, vient d'être mis en orbite et aura entre autres tâches la quête des origines… rien de moins.

Si la nécessité de cette quête qui rythme l’évolution de l’Homme depuis la nuit des temps semble nous échapper aujourd'hui, le mécanisme d'évitement qui nous fait ne pas voir la proximité de l’intention de nos origines trouve une belle et juste représentation dans le film de Denis Villeneuve Premier contact sorti en 2016.


Un jour sur terre, douze immenses vaisseaux d’origine inconnue apparaissent à douze endroits différents de la planète. Aucune logique ne semble relier les emplacements choisis par ces engins. Qui les habite ? Qui sont-ils ? D’où viennent-ils ? Que veulent-ils ? Autant de questions qui demeurent sans réponse. Une équipe d’experts tente d’établir un premier contact avant que les militaires ne s’en chargent… À leur tête une linguiste, Louise Banks, et Ian Donnelly, un physicien. Tous deux vont pénétrer au cœur de l’un des vaisseaux et essayer de décrypter le langage de ces étrangers afin d’obtenir des réponses. Le temps presse, car le monde est en crise. La stupeur, la panique et l’incompréhension provoquent de nombreux soulèvements de population et éveillent des comportements hostiles envers les nouveaux venus.

Ces créatures ne s’expriment que par des écrits gazeux et éphémères formés de signes complexes. C’est sur Louise que les espoirs du premier contact reposent et l’on va découvrir pourquoi elle est bien la plus apte à saisir le message de ces êtres inaccessibles et pourtant si proches. Sa fille vient de mourir d’une forme rare de cancer. Au fur et à mesure que Louise s’approprie le langage “alien”, elle est plongée dans des flashbacks avec sa fille, dont une séquence clé où elle se trouve dans l’incapacité à parler à son enfant et à interpréter le message dessiné qu’elle lui présente ostensiblement. Pour décrypter les graphies circulaires, sans début ni fin, que produisent les extraterrestres, la linguiste met en route presque machinalement le processus d’investigation interprétative qui lui ramène également des séquences de sa vie passée. Une tentative inconsciente de retrouver l’enchainement d’une signifiance possible à son malheur.


Pour comprendre, il lui faut trouver une logique anté, un avant la crise, dans un temps qui n’est pas encore mémorisable, au-delà de la chronologie linéaire des réalités et de retrouver dans la représentation et l’expression d’une parole, une vérité qui s’établit sur le chaos primordial. Louise a été formée pour affronter la complexité du processus langagier qui est en même temps l’établissement d’une parole, la découpe constituante d’une intention fondatrice. À chaque prise de parole, il y a désorganisation de celui qui reçoit cette parole (seul l’impossible arrive) permettant de renouer avec l’origine de la faille. Pendant ce temps-là, le monde hystérise autour d’elle parce que ses congénères ne trouvent pas la voie verbale qui leur permettrait de mettre des mots et d’expliciter l’incident causal qui fait crise. Pour Louise, c’est le retour du même moment de crise, du moment qui tranche, le contact avec le Réel, le moment de jugement pour trouver une vérité de l’origine entre l’indéfini, l’étrange, l’indéterminé, l’effroyable et le fondement, le sol, qui reçoit les empreintes de formes intelligibles telles qu’elle le fut elle-même en tant que mère. La matrice originelle serait en fait l’accueil d’une parole prenant ainsi forme. L’origine insondable est là, à portée de voix.


Le parcours de Louise dans le film est composé comme une lemniscate. Avec l’entrelacement et le renversement des temps présent, passé, futur, Louise accède à la synchronicité d’une conscience qui lui échappait pendant la maladie de sa fille prise qu’elle était dans ses réalités quotidiennes. Tout va donc se représenter pour elle au point que, finalement, le message extra-terrestre enfin compris, l’autre, l’homme qu’elle rencontre à la fin du film est peut-être à nouveau le père de sa fille…

Raphaël Dupouy

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